CONCLUSION D’UNE ÉTUDE DE TRANSPORT & MOBILITY LEUVEN : 10 % DE MOTOS EN PLUS = 40 % DE FILES EN MOINS (23/09/11)
Imaginez des embouteillages réduits de près de moitié, en longueur ET en durée. Il faudrait pour cela revenir plusieurs décennies en arrière, rétorqueront certains… Pourtant, cette situation serait tout à fait possible aujourd’hui ! D’après une étude réalisée pour FEBIAC par Transport & Mobility Leuven, ce scénario pourrait en effet devenir réalité si, sur des tronçons particulièrement sujets aux embouteillages et en heures de pointe, 10 % des automobilistes renonçaient à leur voiture au profit d’une moto ou d’un scooter. Et si 25 % de tous les déplacements domicile-travail étaient effectués à moto, les embouteillages ne seraient même plus qu’un mauvais souvenir ! En cette Semaine de la mobilité, les résultats interpellants de cette étude méritent dès lors une attention soutenue.
Encourager l’utilisation des deux-roues motorisés est sans aucun doute la réponse la plus réaliste, réalisable et abordable pour s’attaquer efficacement au problème des embouteillages et à leurs répercussions négatives.
Étude de cas : le trajet Leuven-Bruxelles
L’étude de Transport & Mobility Leuven reposait sur l’interrogation suivante : que se passerait-il si les navetteurs qui empruntent des routes régulièrement engorgées utilisaient un deux-roues motorisé au lieu de la voiture ? L’analyse portait sur le trajet Leuven-Bruxelles, via l’autoroute E40 en heures de pointe , et s’appuyait sur les statistiques de circulation routière d’un jour ouvrable ordinaire pendant le mois de mai 2011.
Actuellement, l’embouteillage se forme vers 6h40 à hauteur de Sterrebeek. La file s’allonge rapidement et le temps de parcours entre Leuven et Bruxelles augmente. À 7h50, le bouchon « remonte » jusqu’à Leuven. Il faut donc près de 15 minutes supplémentaires (par rapport au temps nécessaire en dehors des heures de pointe) pour effectuer le trajet Leuven-Bruxelles. À partir de 8 heures, les files commencent à se résorber lentement et ont disparu à 9h10. Dans ce scénario de référence sur lequel l’étude s’est appuyée, on dénombre au total 1.925 heures perdues par les automobilistes par jour. Ce chiffre représente le temps perdu par l’ensemble des véhicules. Remarque : la présentation jointe au présent communiqué donne une image précise du processus de formation des files, avec un relevé toutes les 10 minutes. Les petites barres colorées représentent la densité du trafic : plus la barre est épaisse et foncée, plus il y a de véhicules et plus la vitesse est réduite.
Si, sur ce trajet et pendant cette période de pointe, 10 % des automobilistes troquent leur voiture contre une moto ou un scooter, cela a des conséquences évidentes sur l’ampleur de l’embouteillage. Le bouchon se forme toujours à hauteur de Sterrebeek vers 6h40, mais s’allonge beaucoup moins vite et s’étire sur un nombre de kilomètres plus limité – plus ou moins à mi-chemin entre Sterrebeek et Bertem. La perte de temps ne dépasse jamais 6 minutes et l’embouteillage se résorbe beaucoup plus rapidement : à 8h30, il n’y a plus de file. Dans ce scénario, nous dénombrons 706 heures perdues – soit une réduction de 63 % !
Et si nous tablions sur, non pas 10 % mais 25 % – un chiffre certes quelque peu ambitieux – de voitures remplacées par des motos, il ne serait même plus question d’embouteillages, de pertes de temps ni de coûts engendrés par les embouteillages...
Tenir compte de l’effet d’aspiration
Pour évaluer les conséquences de ce changement modal volontaire au profit de la moto, il faut également tenir compte de l’effet d’aspiration sur le réseau routier principal. Selon l’étude, il sera en effet plus tentant d’emprunter le réseau routier principal, ce qui devrait entraîner une hausse du trafic d’environ 2 %. Autrement dit : les automobilistes qui évitaient jusqu’à présent les axes principaux et empruntaient les routes secondaires (avec les nuisances causées par ce trafic de contournement sur les petites routes) tendront davantage à utiliser les routes principales.
Si l’on tient compte de l’effet d’aspiration, on obtient, pour l’étude de cas Leuven-Bruxelles, une diminution de 40 % en ce qui concerne les heures perdues dans les embouteillages – toujours par rapport au scénario de référence. Nous pouvons aussi extrapoler cette étude à l’ensemble du réseau routier principal et avancer des chiffres indicatifs : dans cette extrapolation, on pourrait éviter en Belgique 15.000 heures perdues dans les embouteillages par jour, ce qui équivaut à un gain de temps total d’une valeur approximative de 350.000 € par jour.
Autres conséquences positives
Outre l’énorme avantage lié à la diminution des heures perdues dans les embouteillages et des coûts y afférents, ce changement modal (de la voiture au deux-roues motorisé) apporterait également nombre de bénéfices sur le plan environnemental. Une moto récente rejette en effet moins de substances nocives et moins d’émissions de CO2 qu’une voiture moyenne. Les coûts externes totaux liés aux émissions (la conversion de la charge environnementale en coût pour la société) des motos sont inférieurs de 21 % à ceux d’une voiture moyenne.
Dans le scénario exposé précédemment, le coût total des émissions est réduit de 6 % si 10 % des automobilistes renoncent à leur voiture au profit d’une moto : sur ces 6 %, 1 % peut être attribué au remplacement même des voitures par les motos, les 5 autres pour cent résultent du trafic plus fluide. À l’avenir, ce gain écologique (encore assez limité) augmentera sensiblement lors de l’entrée en vigueur des nouvelles normes d’émission, toujours plus sévères, applicables aux motos – c’est-à-dire en 2014 (Euro 3), 2017 (Euro 4) et 2020 (Euro 5).
Enfin, il ne faut pas négliger l’avantage pour les usagers mêmes : sur le plan fiscal, les deux-roues motorisés sont très intéressants pour les déplacements domicile-travail et à des fins professionnelles. Les motos, mais aussi les accessoires et les équipements (les vêtements de protection par ex.), de même que leur entretien sont entièrement déductibles !
Une priorité : la sécurité
On ne peut toutefois occulter les conséquences négatives potentielles de ce changement modal. La sécurité par exemple doit recevoir une grande attention. C’est pour cette raison que FEBIAC plaide depuis longtemps déjà en faveur d’une bonne formation à la conduite moto et d’un code de conduite dans/entre les files. Ce dernier point a entre-temps fait l’objet d’une réglementation légale, et une réforme du permis de conduire est également en préparation.
Par ailleurs, l’augmentation du nombre de deux-roues motorisés sur les routes engendre aussi une attention accrue de la part des automobilistes : habitués à voir davantage de motards, ils tiennent aussi plus compte de leur présence. Cela ne peut que promouvoir un plus grand respect mutuel et une meilleure compréhension sur la route.
Conclusion
Si 10 % des navetteurs se déplaçaient sur les axes routiers principaux à moto ou scooter et non en voiture, le nombre d’heures perdues dans les embouteillages diminuerait de 15.000 heures par jour et les coûts liés à ces heures perdues seraient réduits de 350.000 euros par jour. Les embouteillages raccourciraient et se résorberaient plus rapidement. En outre, l’effet d’aspiration du trafic vers les routes principales se traduirait par un désengorgement des roues secondaires et limiterait le trafic de contournement sur les petites routes. L’étude de Transport & Mobility Leuven livre une conclusion indiscutable : le deux-roues motorisé offre une alternative efficace, réalisable et propre à la voiture et jouera un rôle indispensable dans la lutte contre la congestion routière.
Les résultats complets de l’étude sont disponibles sur demande.
Informations complémentaires :
Stijn Vancuyck, conseiller deux-roues motorisés, conseiller sécurité routière FEBIAC
Tél. : 02 778 64 48
GSM : 0496 51 21 77
Mail: svc@febiac.be
Boulevard de la Woluwe 46, bte 6, 1200 Bruxelles
E40 entre l’échangeur avec l’E314 à Leuven et la jonction avec le RO à Zaventem.
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